Saint-Doulchard Cyclo

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Saint-Doulchard Cyclo

De Berck Plage à La Schlucht du 2 au 6 juin 2010

Le 19 juillet 2010,
Par BERNARD LARIDANT dans Voyages

Mercredi 2 juin

6H30 ce matin, branle bas de combat au 315 rue de la Métairie, le terrain est envahi de voitures, vélos, remorques et camping car, ma compagne essaie de diriger la manœuvre. Chacun trouve sa place ainsi que pour son matériel et c’est parti pour 500 km, direction Berck Plage.
A 14H30, nous sommes devant la plage sous un beau soleil avec un fort vent du nord-est. Nous admirons ce très beau site qui a su restée naturel et nous avons une pensée pour les pensionnaires de l’établissement de soin tout proche. Nous faisons la photo devant la mer et après un petit mot pour rappeler les valeurs de nos mer/Montagnes, nous sautons sur nos vélos et c’est parti pour 82km.
Comme c’est agréable de se détendre les jambes sur nos montures après toutes ces heures de voiture.
Cette année pour notre cinquième édition, nous sommes 17 à rouler avec 3 nouveaux Julio, Pascal et Marc. Julio depuis seulement un an au club avec trois ans de pratique, Pascal, un an au club et animateur d’une équipe de jeunes cyclistes intégrant ses trois garçons. Marc, le frère de Joël et président du club de Baugy  qui a souhaité découvrir notre mer/Montagne.
Notre solide équipe d’accompagnateurs est au complet avec Armindo, Maria, Marie-Claude, Sylvie et Jean.
Nous sommes surpris par le paysage, ce n’est pas le plat pays, nous traversons un bocage vallonné avec des villages tous les deux à trois km. Les maisons sont peintes en blanc ainsi que les églises, tout est nickel. Nous admirons également de belles fermes en briques, les bâtiments disposés en carré, l’ensemble impeccablement entretenu.
Nous passons devant l’abbaye de Valloire dont nous admirons les jardins. Nous sommes heureux tous ensemble, le vent nous pousse, nous remontons la vallée de l’Authie, nous cheminons en devisant. Vers 18H, nous arrivons au village d’Authie ou nous prenons nos quartiers.
C’est un petit village de 300 habitants, la mairie a acquis un prieuré qu’elle a restauré en gite d’étape, nous sommes bien installés, à 19H, nous sommes à table pour un dîner qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable, un dîner de cantine d’une autre époque.
A 21H, nous sommes tous au lit, car la nuit précédente a été courte.

Jeudi 3 juin
Le ciel est immaculé, à 8H, nous décollons pour une longue étape. Nous traversons la Picardie avec ses cultures maraîchères, le vent nous fouette sur la gauche, nous découvrons de beaux villages avec quelques châteaux que Louison photographie. Nous traversons Bapaume. Un peu plus loin, quelques uns empruntent un secteur pavé préservé et découvrent la tremblote du cyclo. Thierry nous mène un train d’enfer, pourtant personne ne l’attend à midi. Nous avons hâte d’arriver à notre lieu de ravitaillement, car le petit déjeuner, est digéré depuis longtemps et certains commencent à montrer les dents, cyclotouristes affamés, attention danger.
Nous nous retrouvons sur une grande route droite qui monte et descend avec beaucoup de circulation de camion. Le groupe est morcelé en petit paquet, chacun serre les dents, Marc se retrouve en hypoglycémie, Louison le dépanne avec ses propres réserves, ensuite c’est lui qui est en difficulté et il est à sec.
Enfin tout le groupe se retrouve vers 13H30 au lieu de ravitaillement à Landrecies après 120km de parcours difficile. Nous prenons nos aises dans la bonne ambiance de notre campement. Nos accompagnateurs nous ont tout préparés, les boissons, les sandwichs et les pâtes de Biocoop qui frétillent déjà dans le grand faitout de Maria. Il fait un temps magnifique, nous recherchons l’ombre. Daniel sort son magnum de Mouton Cadet…comme la vie est belle.
A 14H30, nous repartons déjà car le groupe a hâte de découvrir la Belgique. Je ressens une douleur à la fesse gauche et essaie de trouver une position la moins pénible possible.
Et voila nous y sommes, les panneaux de signalisation sont différents, nous découvrons la ville de Chimay avec sa célèbre bière que nous dégustons grâce à Jean qui a fait le plein. Chacun a passé commande. Je suis un peu inquiet en voyant le volume, comment allons-nous caser tout cela au retour. Quelques kilomètres plus loin, j’ai le bonheur de retrouver Michel, un ami d’internat qui est monté à notre rencontre en vélo. Nous roulons quelques km ensemble, il nous quitte pour reprendre sa voiture et nous rejoindre à l’étape. Nous disons au revoir à la Belgique et arrivons à Rocroi. Ville fortifiée par Vauban, les remparts sont mis en valeur, mes souvenirs me reviennent, je suis souvent passé ici en vélo il y a 50 ans, rien n’a changé. Ou plutôt si, il n’y avait pas de bretelle d’autoroute sur laquelle je me lance dans une espèce de frénésie certainement dû à l’air du pays. Heureusement que les copains me rappellent sinon j’étais parti.
Nous nous lançons dans la descente vers la vallée de La Meuse, magnifique enfilade de 11 km de virages faciles à travers le massif ardennais. Certains ont dû dépasser les 70KM/H. Nous arrivons à Revin après 210 km ou nous retrouvons nos accompagnateurs à l’hôtel François 1er en bord de Meuse. Super accueil, belles chambres, la soirée se présente bien. Nous passons effectivement une agréable soirée dans cet établissement confortable. Le dîner est très fin, de ma place à table, je regarde le pont qui enjambe la Meuse, je l’ai souvent emprunté en vélo étant adolescent, je résidais à Fumay à 7km. Je constate que j’ai un petit furoncle à la fesse juste sur la couture extérieure du cuissard.

Vendredi 4 juin
A 8H nous sommes tous prêts devant l’hôtel, sauf Julio qui a oublié de mettre ses chaussures cyclistes, grosse rigolade. Nous longeons La Meuse et découvrons les usines Artur Martin (groupe Electrolux) et Porcher (Les sanitaires), également une curiosité, un tunnel pour les péniches, unique en Europe. Quelques km plus loin, nous prenons la nouvelle voie verte qui a remplacé l’ancien chemin de hallage. Quelle merveille, nous suivons ainsi La Meuse par la gauche, à l’ombre. Le versant opposé, en plein soleil se reflète dans le fleuve, c’est magnifique, des péniches et des vedettes nous saluent, les villages se succèdent c’est un enchantement, quelle belle réalisation.
Serge prend des photos tout en roulant, il a fait de gros progrès en matière de maniement d’appareil depuis notre mer/Montagne dans les Pyrénées en 2007, c’est vrai qu’il était parti de loin.
A Moncy notre Dame, nous retrouvons la route de Charleville après 42 km de voie verte. Nous débouchons sur la place Ducale, la grande sœur de la place des Vosges de Paris. J’ai le bonheur d’être accueilli par des amis ardennais, Jean avec Josée son épouse, encore Michel et Eliane, une amie d’enfance. Chacun admire l’architecture de cette place dont le maître d’ouvrage, Charles de Gonzague était également Duc de Nevers, comte de Rethel et prince de Mantoue en Italie.
Nous quittons ce haut lieu pour rejoindre Stenay en direction de Verdun. Dans un petit village, nous prenons à gauche par une petite route pentue, malheureusement un petit groupe, se trouvant à l’avant a continué tout droit. Arrivé au sommet d’une belle cote (plus de 12%), nous voyons nos amis au loin qui continuent sans se douter qu’ils ne sont plus sur l’itinéraire. Heureusement que nous avons nos téléphones. Arnaud leur indique le village de Raucourt comme lieu de rassemblement et nous nous retrouvons tous bien contents, le groupe est rassemblé, indemne et c’est bien là l’essentiel.
Après 110km, nous nous retrouvons en bord de Meuse dans un lieu d’accueil pour camping car et bateaux, avec tables, bancs, bâtiment pour la toilette, le grand luxe, nous sommes même à l’ombre. Des vedettes sont rangées le long de la berge, les personnes bronzent sur les ponts et se baignent. Nos accompagnateurs nous régalent dans ce bel endroit.
A 14h30, il faut repartir en direction de Douaumont. Il fait très chaud, notre allure est trop rapide, le groupe se fragmente. A un regroupement, nous voyons arrivé Yves notre saint Bernard dans un état pas ordinaire, le casque de travers, l’œil hagard, la tête en friche, le bouc en bataille qui soliloque :
« Bon les gars, ça va pas du tout, le groupe roule trop vite »
Mais enfin que lui est-il arrivé? Il a pris un coup de gourdin !
Nous le réconfortons, lui faisons boire de l’eau. En fait après son café, il a pris une petite rinçonnette de marc portugais, avec la chaleur l’effet a été immédiat. Mais l’homme est solide et quelques km plus loin, il a récupéré.
Nous montons un col de 5 km avant d’arriver au monument de la tranchée des baïonnettes et du mémorial de Douaumont. Nous sommes tous saisies d’émotion. Nos accompagnateurs nous ont rejoints et parcourent avec nous silencieusement ce haut lieu de mémoire. Arnaud nous éclaire de ses connaissances sur le site que nous quittons pour rejoindre notre lieu d’hébergement qui se trouve à Saint Maurice sous les côtes après 190 km. L’hôtel est tenu par la famille Massé-Vasset, nous sommes bien accueillis, les vélos sont mis en sécurité et nous prenons nos quartiers.
C’est étonnant comme nous nous sommes adaptés au rythme de notre randonnée, nous ne perdons pas de temps, chacun gère ses affaires en vrais pro.
Après la douche, nous nous retrouvons pour une bonne bière et ensuite nous passons à table sur la terrasse. Nous échangeons avec nos hôtes que nous avons l’impression de connaître depuis longtemps. Au dessert je lance une bataille de Reichhoffen endiablées qui surprend les non initiés. C’est incroyable, mais il nous reste de l’énergie, même notre Yves est dans les premiers à charger. La nuit n’a pas été paisible pour tout le monde, car un bar proche a fait du chahut…Mais bon, il faut tenir, ça fait partie du mer/montagne.
Mon petit furoncle est disparu avec la peau qui le recouvrait, heureusement Jean, notre accompagnateur est aussi soigneur, il me fait un pansement qui me protège parfaitement, quel homme précieux.

Samedi 5 juin
Nous quittons notre sympathique hôtesse après lui avoir fait la bise au nom du club, oui c’est vrai, le poste de président a encore quelques rares privilèges. Nous arrivons rapidement au village de Montsec surplombé par un magnifique monument dédié au souvenir de la bataille de ce lieu.
Nos accompagnateurs découvrent avec nous ce souvenir émouvant. C’est un péristyle circulaire situé au sommet de la colline. Au centre une maquette de la région en bronze permet de revivre les évènements.
Au printemps de 1918, 550 000 américains avec 110 000 français, appuyés par 1400 avions et de nombreux chars, tous français ont délogé les allemands qui tenaient la colline.
C’est la première grande concentration d’avions de combat de l’histoire.
L’ensemble du monument a été financé et entretenu par l’état américain.

Vers 12H30, nous retrouvons nos accompagnateurs pour notre dernier déjeuner sur l’herbe. Toujours le même menu, mais on ne s’en lasse pas. Nos pâtes sont encore meilleures que l’an passé, juste al dente, Maria a peaufiné sa technique, pourtant ce n’est pas évident de faire cuire une telle quantité de pâte juste à point pour plus de vingt personnes avec du matériel portatif, un vrai chef.
L’après-midi nous roulons d’un bon rythme souvent emmené par Philippe, en grande forme cette année, à mon avis il doit avoir des ambitions pour La Schlucht. Nous subissons notre première crevaison, un caillou déchire légèrement le flanc du pneu arrière de Philippe. Nos pneus de secours étant dans une voiture, nous dépannons avec les moyens du bord. Trouvant que notre ami roulait un peu trop vite, je glisse subrepticement un beau galet dans sa sacoche de selle pensant qu’il allait s’en rendre compte quelques kilomètres plus loin, mais non, il reprend sa fringante chevauchée en tête du peloton. Le galet n’est pas assez lourd, car cela ne le ralenti pas.
A chaque arrêt, chacun l’encourage en lui disant qu’il est très costaud pour rouler à ce rythme avec un vélo aussi lourd. En traversant un village, nous nous arrêtons près d’un groupe de personnes qui prennent l’air devant leur maison et leur demandons de l’eau pour nos bidons. Ils nous indiquent le terrain en face ou justement toute une équipe d’enfants s’ébroue dans une petite piscine. Il y a un tuyau d’arrosage à proximité, Louison s’avance en confiance, le bidon à la main et se fait copieusement débarbouillé, tout le groupe y passe, à les coquins. Nous repartons bien rafraîchi et le plein effectué. Les contacts sont faciles, les gens nous parlent comme si nous étions de connaissance, c’est très agréable, il n’y a pas de barrière. C’est peut-être le vélo qui génère cette ambiance.
Vers 18H, après 160 km, nous arrivons à Granvillers, à l’hôtel de l’Europe. Après la douche, notre Philippe s’empresse de changer son pneu, découvre le galet et comprend toute l’histoire.
Pascal nous a réservé une agréable surprise, il nous offre une tournée de bières qu’il a rafraîchi dans de la glace pilée qu’il a été cherché je ne sais ou, fêtant ainsi son premier mer/Montagne avec notre club. Je profite de ce moment fraternel pour raconter quelques souvenirs d’internat qui me reviennent suite aux retrouvailles de mes amis ardennais.
L’hôtel est un trois étoiles confortable ou nous dégustons un bon dîner à base de spécialités lorraines.
A 22H le groupe est au lit, car demain c’est la dernière étape avec la montée du col deLa Schlucht.

Dimanche 6 juin
A 7H30, nous sommes déjà en selle,  personne ne se plaint de la fatigue, ni d’aucun problème,  les capacités d’adaptations sont étonnantes. J’observe avec beaucoup de satisfaction le groupe qui cavalcade joyeusement dans les premiers lacets, pas d’embrouille entre nous, chacun échange, partage et profite de ces moments d’exception, comme la vie est simple et belle dans ces conditions. Nous remontons la vallée de la Vologne que j’imaginais, austère et lugubre suite aux évènements dont chacun se rappelle, mais non cette rivière est belle, riante comme toute la vallée qui l’enchâsse. Je suis certain que tout le groupe a, à cet endroit et à cet instant une pensée commune.
Après une descente nous abordons les choses sérieuses, un petit col de 5 km un peu plus pentu que la côte des rousseaux. Après une descente agréable, nous arrivons à Gérardmer. Nos accompagnateurs nous indique l’itinéraire, ce n’est pas la grande route du col de La Schlucht, mais une plus petite beaucoup plus pentue. Je me retrouve avec Joël, les deux Daniels, Pascal, Julio et Philippe. C’est un peu la tradition de nos mer/Montagnes, dans la dernière ascension, ceux qui le souhaitent, peuvent se défouler et s’amuser pour arriver le premier au sommet.
Joël règne depuis quatre ans sur tous nos mer/Montagnes mais cette année Julio affiche de belles capacités et certaines ambitions, tout comme Pascal et aussi Philippe et les deux Daniel qui restent des valeurs sûres. Chacun fait des pronostics chaque soir en fonction de la forme affichée des favoris. Beaucoup parie sur Julio qui est étonnant de facilité.
Nous rattrapons un groupe de cyclistes du crû et faisons connaissance, Julio et Pascal posent quelques banderilles et prennent trente mètres. Nous arrivons sur un plateau avec un lac et c’est la descente. Quant on ne connait pas, c’est difficile de gérer son effort. Courte descente, la route remonte brutalement avec un mauvais revêtement, les vosgiens placent une attaque sèche, je me retrouve à 30 m de Joël et Philippe, c’est dur, la roue arrière saute sur le revêtement, je m’accroche en danseuse et recolle dans la roue de Joël, je ne sens plus mes reins. 300 mètres plus haut, je me retourne, plus personne.
« Joël, on est plus que tous les deux, tu vas me garder »
« Accroche-toi »
Un peu plus haut, nous retrouvons la grande route avec un profil plus doux ; Je suis complètement euphorique,  plus mal nulle part, je mets la plaque, nous doublons le groupe des vosgiens a plus de 38 au compteur. En vue du sommet, Joël dans un geste de grande élégance me fait passer devant. Quelle montée, je n’espérais plus connaître de telles sensations à mon âge. Les copains arrivent échelonnés, fatigués et heureux, certains un peu déçus.
Le groupe se reforme au sommet et c’est la descente tranquille vers Gérardmer. C’est la fin de notre périple après 713 km, nos accompagnateurs nous attendent près du restaurant Beau Rivage. Nous faisons une rapide toilette, remontons les vélos sur les remorques et nous installons dans ce très bel établissement qui nous accueille dans une salle privée. Nous dégustons un menu d’une grande finesse.
Je fais un petit discours pour clôturer notre cinquième mer/Montagne en rendant hommage à nos accompagnateurs qui nous ont encore une fois dorlotés, protégés, nourrit et soignés.
J’adresse les félicitations du groupe à Arnaud qui a tout organisé et encourage tout le groupe à rester motivé pour le mer/Montagne 2011 qui est déjà en gestation dans l’esprit de Thierry.
A 20H30, nous sommes de retour à Saint Doulchard, quelle aventure.

Nous remercions notre ville de Saint Doulchard pour son aide technique et financière, ainsi que nos partenaires Bio Coop, Maison et Services et le Crédit Agricole