Saint-Doulchard Cyclo

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Saint-Doulchard Cyclo

Clermont-Aurillac-Clermont

Le 27 juin 2013,
Par DOMINIQUE VANNIER dans Actualités, Randonnées

Groupe au départSouvenirs, souvenirs…

 

Vendredi après-midi, nous roulons sur l’autoroute direction Clermont, les vélos sont au chaud dans la remorque juste derrière. Mais qu’est-ce qui m’a pris de me laisser embarquer dans cette aventure 400km en deux jours, ce n’est plus de mon âge et en plus avec plus de 5000m de dénivelé.
C’est encore ce grand fou de Roger qui m’a mis ce projet dans la tête. Il est dangereux Roger avec son air de ne pas y toucher, il a réussi à embarquer onze dératés dans ce challenge:

Julio, Jackie, Louison, Pascal, Pierre, Christian, Thierry, Laurent, Daniel, Philippe et moi.

Vendredi, nous arrivons place des Bughes devant la maison des sports, ou cela grouille de cyclos.
Nous récupérons nos dossiers, dossard et un parapluie chacun.
Louison me souffle:«C’est de mauvais augure, ça va pleuvoir»
Cette grande manifestation est ouverte aux cyclos et aux coursiers. Nous sommes 300 cyclos et une centaine de coursiers. Le départ des coursiers à lieu à 8H, ils vont donc nous rattraper. Pour nous c’est une nouveauté.

Nous sommes logés à l’hôtel république, juste sur le circuit, c’est pratique pour le départ de demain matin.
Nous avions oublié que c’était la fête de la musique. Une bande d’excités braillent à cinquante mètres de notre hôtel, impossible d’ouvrir les fenêtres, moi qui espérais faire une bonne nuit avant de nous lancer, c’est raté.

A 6H30, nous nous lançons sous un ciel chargé avec une petite angoisse au creux de l’estomac. Il ne fait pas froid, les revêtements de route sont parfaits. Nous traversons de magnifiques petits villages accrochés à la montagne, les maisons sont en belles pierres avec de petites fenêtres, les rues sont tortueuses. Nous ne voyons pas de décoration florale, l’hiver doit être rude par ici.
Après 67 km, nous arrivons à un premier ravitaillement. Nous sommes pratiquement les premiers, il y a de tout ce qu’un cyclo peut espérer, c’est parfait.En sortant du ravitaillement, nous tombons dans l’hiver, le brouillard nous enveloppe, il tombe un petit crachin glacial, vite les imperméables et nous continuons déterminés comme jamais.
Les cols se succèdent, col de la Chaumousse 1155m, col de la Malmouche 1141m, col de la Rieu 1097m ou nous bénéficions du deuxième ravitaillement. Enfin le ciel s’éclaircit, nous continuons par le col de la Serre 1364 m.
Dans l’ascension du col du Pas de Peyrol 1589m, que nous avions attaqué Julio et moi un peu détaché, j’entends un brouhaha en dessous, Julio me prévient: «Attention les coursiers arrivent»
C’est vrai que nous les avions un peu oublié. Nous voilà comme dans le tour, les motards nous dépassent et un échappé nous double sans un regard, suivi à cinquante mètre du deuxième.
Je lance à Julio: «Prépare-toi, les prochains c’est pour toi»
Deux poursuivants arrivent ensemble et hop Julio saute dans les roues. Ceux-ci soufflent comme des phoques, les directeurs sportifs les encouragent en permanence.
J’arrive à rester à une trentaine de mètres derrière et au bout de 300 m, je récupère mon Julio tout heureux d’avoir vécu cette expérience.
Mais nous n’en avons pas terminé avec ce col qui est redoutable surtout dans les trois derniers km. Le vent est de face et pour finir nous débouchons au sommet sur une route en terre avec des cailloux, on se croirait dans les cols des Tours d’avant guerre. Pas question d’attendre les copains dans cet endroit, c’est l’hiver ici, vite il faut descendre.
Aurillac ne doit plus être loin. Nous sommes doublés par les coursiers et là je découvre ce que descendre veut dire.Je suis à 64 km/h et ils me doublent et basculent dans les virages à une vitesse hallucinante, un monde nous sépare. De les voir ainsi sur mon vélo, c’est autre chose que de les regarder à la télé bien installé dans le canapé.
Nous descendons jusqu’à Aurillac par une route agréable, Julio me protège et après une dernière ascension de ligne de crêtes nous arrivons à 15H au stade de rugby, terme de cette première étape.
Les copains arrivent rapidement et nous rejoignons l’hôtel Aurena, situé de l’autre côté de la ville. Avant le dîner, chacun raconte son ressenti, la journée a été plus difficile pour les non grimpeurs, Louison et Jackie ont soutenu les copains en souffrance.
Cet établissement est agréable et confortable, beaucoup s’y refont la santé et particulièrement Philippe.

Dimanche, à 6H30 nous décollons, c’est devenu une habitude, personne ne râle. Très rapidement la pluie s’installe, une chance, le vent est favorable par la gauche.
Les cols se succèdent, je n’ai pas le temps de les noter, c’est fou ce que nous avons escaladé dans le froid, le vent et la pluie. Certaines descentes en sous bois avec des gravillons sont dangereuses, je suis tétanisé. Je me souviens d’un village magnifique, Tournemire, avec de belles maisons de caractère, surmonté par un château fort.
Dans une descente de col, nous tombons sur trois km de route en chantier, complètement impraticable, de la boue, des cailloux, je descends et prend mon vélo sur mon épaule pour préserver mes boyaux, les copains m’attendent.
Incroyable, si nous avions fait cela pour notre «Ronde des coteaux» nous nous serions fait incendier par les participants.
Lorsque nous repartons, ça grince dans les dérailleurs et les cassettes. Au bout d’un moment les bruits se-calment, la mécanique doit souffrir.
Toute la journée est une succession de cols, c’est usant. Nous avons constitué un groupe avec Philippe et Daniel.
A 25 km de Clermont, dans une descente de col, Daniel rate son virage à droite et se retrouve déporté complètement à gauche. Un voiture arrive juste en face, c’est terrible, je garderai toujours cette image, Daniel ne maîtrisant plus sa trajectoire et arrivant malgré tout à éviter la voiture en passant à gauche vers le bas côté. Mais il va trop vite, il percute la rampe de sécurité et bascule par dessus avec son vélo. Je m’arrête 20 m plus bas et me précipite vers lui. Je le retrouve debout, en contrebas, faisant l’inventaire de son état et me criant «J’ai rien», un miracle.
En fait si, il a une vilaine blessure au tibia et très mal dans le dos. Daniel a un bon ange gardien Nous décrochons son vélo qui était resté suspendu par le cintre à la rampe, lui aussi a été épargné. La dame dans l’auto est tétanisée et n’arrive pas à repartir, car il faut dégager la route, les coursiers arrivent, précédés par les motards. Derrière le peloton une ambulance s’arrête et propose à Daniel de l’emmener à l’hôpital. Celui-ci refuse et remonte sur son vélo direction Clermont.
Nous terminons tranquillement tous les deux les 25km qui restent. J’observe sa blessure qui saigne, le sang coule le long de sa jambe et remplie sa chaussure…Sacré bonhomme!
Nous traversons Chamalières et nous arrivons enfin Place des Bughes, ouf c’est fini.
Nous sommes surpris d’y retrouver Thierry, Christian et Pascal, ils ont dû prendre une autre route, peu importe ils sont là et c’est l’essentiel. Le reste du groupe arrive échelonné, heureux d’en avoir terminé.

Chacun jure ses grands dieux qu’on ne nous y reprendra plus, c’est fini, nous ne relèverons plus de tels défis, qui ne sont plus de notre âge, …
je les écoute avec intérêt, mais reste sceptique, car je les connais bien.

Dominique Bettini.

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