Saint-Doulchard Cyclo

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Saint-Doulchard Cyclo

Récit randonnée Ardennes Eifel

Le 1 juin 2016,
Par DOMINIQUE BETTINI dans Actualités, Randonnées

Ardennes/Eifel 2016 du 23 au 27 mai

https://www.cyclo-saintdoulchard.fr/galerie/randonnee-ardennes-eifel/

Lundi 23 mai :

C’est encore pire que les années précédentes, il y a des voitures partout sur les trottoirs, dans notre allée. Les 25 vélos se reposent pour l’instant, allongés dans l’herbe près des 30 ou 40 sacs en attendant d’être embarqués. Tout ce beau monde arrive à se caser et nous voilà parti à 9H dans cinq véhicules direction Charleville, sous une pluie battante.

Nous n’avons jamais été aussi nombreux 25 cyclos avec des âges et certainement des motivations différents. De plus nous avons une représentante du sexe dit faible, championne du monde de lutte, vététiste et cycliste chevronnée. Brigitte relève d’une chute en VTT, elle est un peu inquiète car elle n’a jamais parcouru des distances par étape aussi longue.

A 15 h nous faisons une pose devant la statue du sanglier des Ardennes, 14 m de haut. La pluie s’est arrêtée et nous arrivons à Charleville vers 17H à l’hôtel « Couleurs sud ».

Le local qui nous a été réservé pour les 25 vélos ne nous convient pas par manque de sécurité, du coup notre hôte nous propose de placer nos vélos dans deux chambres libres.

Nous partons déposer les trois voitures qui ne feront pas le périple à Vrigne Meuse chez mon ami Jean Barré qui lui nous accompagnera. Nous rentrons à Charleville pour retrouver nos compagnons place Ducale dans un bar le « Mantou » le bien nommé, car Charles de Gonzague, le fondateur de Charleville était prince de Mantou et duc de Nevers entre autres.

J’avais préparé un topo sur l’histoire de la ville et de la fameuse place Ducale, mais à quoi bon, les copains ont déjà deux bières d’avance et mes préoccupations historiques ne les effleurent pas.

Pour le dîner, j’accueille Jean et Josée son épouse ainsi que Feyyaz Yarar, le président du club cyclo de Charleville qui a tracé la randonnée permanente que nous allons effectuer.

Nous dînons dans notre ambiance habituelle toujours aussi bruyante. Je redoute le dîner du lendemain à l’abbaye de Clervaux qui doit se faire dans le silence.

Mardi 24 mai :

Notre hôte nous a fait plaisir ce matin en nous proposant de la galette au sucre, spécialité ardennaise. Nous faisons la photo traditionnelle de départ place Ducale et c’est parti direction Sedan ou notre ami Marcel nous a préparé une surprise.

Une de ses clientes a organisé un comité d’accueil avec la presse locale (l’Ardennais) et invité un ancien collègue de Brigitte lorsqu’elle était en poste à Sedan vers les années 2000. Quelques viennoiseries disparaissent très vite bien que le compteur n’affiche que 20km.

Nous repartons en laissant toutes ses personnes sympathiques pour attaquer la pente en direction de Bouillon. Nous sommes dans la forêt ardennaise pour 10km d’ascension.

Au sommet, nous attendons pour reformer le groupe avant de plonger vers la ville du premier roi de Jérusalem. Titre qu’il a d’ailleurs refusé de porter pour celui plus humble d’avoué du saint sépulcre. Son frère deviendra le premier roi de Jérusalem sous le nom de Baudouin 1er de Jérusalem. Brigitte s’est intégrée sans problème à cette furieuse bande de cyclo macho en convalescence. Nous passons la frontière sans nous en apercevoir.

La descente est très rapide et nous stoppons sur le pont de la Semoy pour admirer la masse du château qui domine la ville. Ce château construit à la fin du premier millénaire a été ensuite transformé par Vauban, il s’intégrait dans la ceinture de forteresses qui protégeait la France

Il reste 55 km à parcourir avant notre pique nique, nous décidons d’accélérer un peu. Un peu plus loin, la route est barrée pour cause de travaux, nous passons quant même.

Mal nous en a pris, nous tombons sur un chantier d’abattage d’arbres, il y en a sur plus de 150m, en travers de la route avec au bout un engin spécialisé qui coupe et débarde. Nous mettons les vélos à l’épaule et enjambons les branches comme nous pouvons en passant aussi dans les fossés. Nous avons une semelle de boue sous nos chaussures.

Tout le groupe arrive à passer et à recliquer les pédales, ouf.

Nous retrouvons nos accompagnateurs à Vaux sur Sure après 105 km au compteur. Armindo nous a encore trouvé un endroit formidable. Nous sommes accueillis chez M.Irantz Belche, dépositaire collectionneur de la marque de tracteurs américain David Brown. C’est inouï le nombre de machines exposées, dont certains du début du siècle, tous en état de marche. En plus deux superbes Aston Martin dorment dans son sous sol. Le propriétaire est un homme très simple, il met à notre disposition ses toilettes et des chaises. Nous sommes bien installés au soleil, les pâtes sont parfaites et je constate que mon ami Jeannot s’est rapidement intégré à notre équipe.

Nous repartons direction Bastogne ou nous admirons un char Sherman sur la place en souvenir de l’offensive de Von Rundstedt lors de la bataille des Ardennes à Noël 1944. Nous prenons notre première piste cyclable et arrivons vers 16H en vue de l’abbaye de Clervaux. C’est une superbe bâtisse en pierre locale datant des années 30 qui domine la ville. Le père Henry et le père Boulanger nous accueillent gentiment ou nous expliquant l’organisation de notre séjour. C’est avec le père Boulanger que j’avais mis en place cette étape. Le gite où nous prenons nos quartiers est simple, mais correct. A19H25 précise, nous attendons à la porte de l’abbaye pour dîner dans le réfectoire des moines. Le père Henry nous fait l’historique de la communauté et de l’abbaye qui est bénédictine et régit par la règle de Saint Benoit. La salle est très belle, mes compagnons gardent le silence pour l’instant, incroyable. Le repas est très bon et adapté à notre sport.

Ensuite le père Henry nous propose conformément à mon souhait de nous faire partager un moment de convivialité avec la communauté, ce sera la prière du soir.

Nous prenons place dans l’église et assistons aux complies chantées des moines. Pour moi c’est une première ainsi que pour mes compagnons je pense également. A la fin nous sommes bénis avec de l’eau bénite.

Nous passons dans ce lieu un moment unique dont chacun se souviendra. Jean et moi faisons chambre commune et nous avons tant de choses à nous dire que la nuit est trop courte, la journée du lendemain par contre risque d’être longue.

Mercredi 25 mai :

Nous quittons l’abbaye par une descente très pentue avec des virages en épingle, heureusement que nous sommes arrivés par une autre route. Nous parcourons une succession de montées et de descentes pour enfin affronter à Malmedy un coup de cul entre 17 et 20%. Avec mon 38/27, je suis à la limite. Beaucoup sagement mettent pied à terre. J’entends quelqu’un dire que même Joël est descendu de vélo, alors là attention, il ne faut pas faire d’impair, je prends à gauche dans une entrée de portail à peu près horizontale et je déverrouille, il faut respecter la hiérarchie, il est hors de question de doubler notre champion.

Nous passons la frontière allemande incognito et nous empruntons une piste cyclable.

Les détendeurs de GPS sont en désaccord, il faut sortir de la piste pour rejoindre Monschau. Nous sommes sur une route qui va en se rétrécissant pour finalement aboutir à une exploitation et se prolonge par un chemin de terre.

Nos guides décident de continuer. Le chemin se transforme vite en circuit technique de VTT avec de la pente et de grosses pierres. J’ai la hantise de tomber avec les reliquats de mon dernier accident, ce serait moche. Je bloque souvent ma roue arrière dans la boue, car il faut freiner vu la pente.

Enfin nous rejoignons une route, tout le groupe arrive indemne, un vrai miracle, pas une chute, même pas une crevaison…ça râle juste un peu.

Nous arrivons à Monschau qui est une jolie petite ville touristique avec des maisons pittoresques très colorée. Nous savons que nos accompagnateurs sont dans cette ville, mais ou précisément. Toutes les rues de la ville sont pavées.

Arnaud arrive à joindre Armindo qui nous demande ou nous sommes. Daniel a la bonne idée de préciser que nous stationnons sur une rue en pavés. Juste à ce moment nous voyons Jeannot qui sort d’un commerce, sauvés on est bon.

Le pique nique est en place, l’eau des pâtes frissonne, la vie est belle.

En repartant, nous sommes cueillis à froid par une belle montée pour sortir de Monschau, pour la digestion, ce n’est pas l’idéal. Nous parcourons beaucoup de montées avant d’arriver dans les faubourgs de Aachen (Aix la Chapelle), la capitale de Charlemagne. Nous progressons difficilement dans la circulation, les pistes ne sont pas pratiques pour nos vélos, nous devons nous arrêter souvent et redoubler d’attention car la circulation est intense.

Enfin je reconnais l’hôtel Buschhausen que j’avais souvent visionné sur le net, ouf quelle journée. C’est un établissement important ou tout est très bien organisé. Nos chambres sont parfaites, très confortables.

Jeudi 26 mai :

Ce matin, le ciel est bleu immaculé, nous partons à 8H découvrir la chapelle Palatine, dernier vestige du palais de Charlemagne. La ville nous semble bien calme par rapport à la veille, pas une voiture. Nous apprendrons plus tard que ce jour est férié en Allemagne. Très rapidement nous sommes en Hollande et découvrons enfin le confort des pistes cyclables. C’est unique, mon vélo et moi n’avons jamais connu une telle douceur, du velours, de plus à sens unique, une de chaque côté, le grand luxe, nous pouvons en prendre de la graine. Trois de nos compagnons s’attardent dans une petite ville typique pour prendre des photos. Nous faisons un arrêt à la sortie pour nous regrouper, manque de chance ils se trompent de route pour nous rejoindre. Nous restons ainsi plus de 35 minutes au soleil à les attendre. Arnaud arrive à les contacter, ils sont à l’entrée de Maastricht. Avec tout ça, nous n’allons pas encore déjeuner de bonne heure.

Il nous faut presque une heure pour traverser Maastricht. Ensuite nous mettons la grande avec le vent favorable et rejoignons nos anges gardiens à Flexhe le haut Clocher en Belgique dans un petit coin tranquille près du cimetière.

Un monsieur qui habite en face nous propose d’aller aux toilettes chez lui. Je ne résiste pas à la proposition et frappe à la porte en vain. Il bricole dans son jardin et me dit de rentrer. Je fais le tour de la maison pour trouver le petit coin, incroyable cette confiance. Nous sommes installés au soleil près d’un monument commémoratif qui justement ce jour là fait l’objet d’un reportage vidéo. Nous assistons aux prises de vues.

Nous reprenons notre cadence et rapidement nous arrivons à Huy en longeant la Meuse.

Le fameux mur est en vue, nous le prenons bille en tête avec de la motivation pour certains et moins pour d’autres. Nous arrivons tous en haut en vélo, à pieds ou presque à quatre pattes…Enfin une bonne chose de faite, depuis le temps qu’on en parlait.

Ensuite nous faisons le circuit de 21 km préparé par Yves et nous rentrons à Huy en boulet de canon (55 au compteur) pour découvrir l’hôtel du Fort devant la Meuse, sous la citadelle. Notre hôte Yves Risac nous installe dans son établissement, Armindo et Maria ont placé leur camping car en bordure de Meuse devant l’hôtel.

Avant le dîner un groupe part découvrir le centre ville et un autre reste déguster une bière au bar de l’hôtel.

Des souvenirs d’adolescence avec Jeannot me reviennent que je partage avec notre petit groupe, nous passons un bon moment de convivialité.

Vendredi 27 mai :

Déjà la dernière étape, c’est fou comme le corps s’adapte au rythme. Nous sommes sur une piste cyclable le long de la Meuse, nous admirons les infrastructures portuaires, les écluses et les longues péniches. Le trafic est intense, rien à voir avec ce que je connaissais à l’époque dans les Ardennes., ici le trafic maritime est un secteur essentiel de l’économie du pays. Nous passons Namur, Dinan avec sa citadelle et retrouvons la France à Givet, ville que je connais bien. Marcel encore lui nous emmène saluer une de ses clientes qui tient une boutique de vêtements. Nous échangeons avec cette jolie sicilienne sur nos origines respectives. Nous comprenons pourquoi notre Marcel n’est pas pressé de prendre sa retraite.

Nos amis nous attendent sur les Berges de la Meuse ou nous admirons la ville dominée par le fort de Charlemont. Ce fort remanié également par Vauban sert actuellement de cadre à l’émission de télé réalité de M6 « Garde à vous ». C’est Charles Quint qui en a été le maître d’ouvrage en 1555 et qui a confié la maîtrise d’œuvre à un ingénieur italien Buoni Pellizuolli. La mission initiale de cette citadelle était de protéger les possessions de Charles Quint des velléités des rois de France. Le paysage est baigné d’une douce lumière que nous apprécions en dégustant nos pâtes pour la quatrième et dernière fois. Nous repartons en quittant la Meuse et nous retrouvons la Belgique par Felenne Villerzie. Ce ne sont que des montées et descentes dans la grande forêt ardennaise. Nous repassons la frontière et arrivons à Les Hautes Rivières sur la Semoy, au pied de la côte du Loup.

La vallée de la Semoy a une spécificité industrielle au niveau de la fabrication de boulons. Les entreprises se sont toutes développées et regroupées dans cette vallée entre Les Hautes Rivières et Thilay. La vie ici est rythmée par le bruit des marteaux pilons.

Nous montons « Le Loup » chacun a son allure, au sommet un orage éclate. J’essaie de rameuter mes compagnons pour aller au plus vite sur Nouzonville afin d’éviter la descente abrupte par Thilay comme prévue initialement. Malheureusement, je n’arrive pas à persuader tout le groupe, six se lancent dans la pente sous un déluge de grêle.

La descente sur Nouzonville est dantesque, la grêle tambourine sur les casques et nous aveugle.

Nous rejoignons Charleville par la piste le long de la Meuse, le ciel s’est éclairci, nous sommes trempés et commençons à grelotter.

En arrivant à l’hôtel nous apprenons que nos six compagnons ont tous chuté dans la terrible descente heureusement sans trop de gravité…Nous repensons aux moines et à leur bénédiction…

Voilà encore un projet qui se termine, c’est notre première randonnée permanente (Fédération Française de cyclotourisme) qui nous a ouvert à des horizons nouveaux.

Bravo à tous pour le courage et la bonne humeur avec une mention particulière à Brigitte, notre protégée.

C’est difficile de terminer le récit d’une telle aventure, il y a tant d’images et de rencontres qui se bousculent…Aller bonne récupération et à bientôt sur nos vélos.

Dominique Bettini le 30 mai 2016

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